Vous pouvez voir les photos et vidéos prisent lors de la visite de l’exposition au Louvre-Lens le 18 Novembre 2022 . 35 adhérents ont participé à cette sortie qui, par ailleurs à rencontré un grand succès auprès du public. (clic sur le bouton ci-dessous)
Champollion 1790-1832
Etrange destinée pour ce fils de colporteur, né à Figeac ,non loin du Lot ,en pleine Révolution (décembre 1790 ) .Rien à priori ne le destinait à découvrir les secrets d’une écriture née dans les sables du désert égyptien et disparue depuis près de 2000 ans. Fils de parents âgés – sa mère à 49 ans à sa naissance !- c’est son frère aîné qui pris en main son éducation à Grenoble .Il lui transmet son goût pour l’Orient.
Depuis quelques siècles des générations de savant essayaient de percer les secrets des hiéroglyphes ,sans grand succès. Pour Champollion ce fut un long cheminement commencé dès l’adolescence .Passionné par l’étude des langues anciennes: syriaque ,chaldéen, copte,.… rédigeant des opuscules ,mémoires, grammaires sur ce sujet , il est rapidement remarqué par les cercles savants de sa ville ,Grenoble. A 17 ans il est élu à l’Académie des Sciences et l’année suivante il est nommé Professeur d’Histoire à l’Université !
Il continue avec opiniâtreté son travail de déchiffrement. A 21 ans -en Octobre 1812- il se sent près du but :
« Ma grammaire égyptienne n’est point encore rédigée mais le plan est complet. ..Cela me donne incontestablement le fond du système hiéroglyphique et je le prouverai. »
Un peu présomptueux ! En fait il lui faudra encore une dizaine d’années de travail acharné pour arriver à déchiffrer les hiéroglyphes. De plus ses convictions politiques -fervent admirateur de Napoléon- ajouté à un caractère assez abrupte ,vont lui coûter cher lors de la Restauration en 1815: exil , perte de sa charge de professeur . Ce n’est que 10 ans plus tard , en 1822, qu’il finira son long travail de déchiffrement
Cette découverte saluées dans toute l’Europe, lui permet un retour en grâce auprès des autorités de l’époque,( Charles X ). Bientôt on lui confie la mission d’aller expertiser les objets antiques qui arrivent par bateaux entiers d’Egypte. Ils seront exposés dans de nouvelles salles créées spécialement au musée du Louvre (1826) . Bien entendu il en deviendra le premier Conservateur.
« Les hiéroglyphes sont un système complexe, une écriture tout à la fois figurative, symbolique et phonétique, dans un même texte, une même phrase, je dirais presque dans un même mot »
Par ces mots, écrits fin septembre 1822 il y a exactement 200 ans, Jean-François Champollion annonçait à un ami qu’il avait enfin réussi à déchiffrer une stèle en Hiéroglyphes dite Pierre de Rosette.
La Pierre de Rosette
L’inscription est un décret du pharaon Ptolémée V en 196 av. J.-C. La stèle est gravée en trois écritures : égyptien en hiéroglyphes, égyptien démotique et alphabet grec .Elle est retrouvée en 1799 lors de l’expédition napoléonienne en Egypte . A la suite du fiasco de l’expédition les Anglais s’en emparent et l’expédient à Londres.
les Hiéroglyphes
Cette écriture très figurative représentant des plantes, animaux, ,objets du quotidien, formes humaines …peut sembler à première vue assez simple .Seulement sur 3000 ans elle devient de plus en plus complexe . De sept cents signes hiéroglyphiques, on passa à plus de six mille !
Les hiéroglyphes sont intimement liés à la civilisation pharaonique .Cette langue fut utilisée pendant près de 3000 ans, un record de longévité devenant avec le temps de plus en plus complexe.
..Cependant vers l’an 300 , avec l’arrivée des Romains nouveaux maîtres des lieux, elle tomba peu à peu dans l’oubli.
En fait pas tout à fait .Une nouvelle langue, le Copte, se forgea, dérivant à 70% des hiéroglyphes mais utilisant l’alphabet grec .Elle fut elle-même submergée par l’arabe.
L’idée de génie de Champollion , on le lui a soufflé un peu il est vrai, a été de comprendre très tôt- il n’a que 18 ans- qu’en maîtrisant parfaitement le Copte il pourra comprendre le système complexe sur lequel sont basés les Hiéroglyphes.
« je me livre entièrement au Copte que je veux connaitre comme mon français parce que c’est sur cette langue que sera basé mon grand travail sur les Papyrus égyptiens (les Hiéroglyphes) »
Ce qui manque à Champollion ,pour faire un pas décisif, ce sont des documents bilingues. Justement en 1821 /1822 sont découverts plusieurs inscriptions bilingues : des cartouches royaux ( leurs noms) de Ptolémée , Cléopâtre ,Ramsès …
Grâce à ceux-ci il peut compléter les lettres de l’alphabet hiéroglyphe (ceci est un exemple simplifié !)
cartouche Ptolémé en grec P T O L M Y
puis cartouche Cléopatre (PHOTO)
en grec K L E O P A T R A ( L O P lui sont déjà connus)
puis cartouche Ramsès en grec Ra M(ice) SS ( S déjà connu )
Cartouche de CLEOPATRE reproduit par CHAMPOLLION
Il peut enfin parachever son déchiffrement et en déduire que :
– 24 Hiéroglyphes forment l’alphabet
– des signes « déterminatifs » précisent le sens du mot . Exemple : » un oeuf incliné » pour indiquer que le mot désigne une femme (Cléopâtre)
– les 3000 autres hiéroglyphes qu’il a déjà répertoriés constituent des mots.
Il vient de poser les fondements d’une nouvelle science : l’Egyptologie
Texte et mise en page PM pour les Amis du Musée de Béthune