Historique de l’association

1970-2020 : les 50 ANS de l’association

Cinquante ans se sont écoulés depuis la fondation de l’Association des Amis du Musée de Béthune dont le but était avant tout la création d’un Musée des Arts et Traditions Populaires. Il faut d’abord rappeler qu’il y avait eu, au cours du 19ème siècle des tentatives malheureuses. Des archives de Philippe DECROIX, nous avons tiré de précieux renseignements : un Monsieur LEMAIRE a laissé à la ville ses papiers et ses manuscrits, la veuve d’Aristide HURBIEZ, notaire qui fut maire de la ville, a préféré léguer à Saint-Omer la bibliothèque de son mari. On trouve aussi DHARVENT, préhistorien, spécialiste des pierres-figures, et Eugène BEGUIN. Les quelques objets d’art, la collection de DHARVENT ont échoué aux travaux de la ville où ils ont été dispersés au cours de déménagements. Ces tentatives vouées à l’échec, il faut attendre 1969 pour voir surgir l’Association « Béthune Historique » qui essaie de concrétiser cet essai de Musée pendant huit mois. En vain, puisqu’un désaccord entre le Président et son fils quant aux objets à exposer et sur le mode de conservation des archives possédées par les uns et les autres, sept membres de l’Association donnent leur démission le 17 novembre 1969. S’ensuivent de nombreuses démarches : Annie MOREL est reçue à la Sous-Préfecture et à la Mairie pour communiquer les projets de statuts de l’association et pour demander la domiciliation de l’Association à l’Hôtel de Beaulaincourt qui doit être attribué au futur musée après le départ des hypothèques. Maître PAD, maire de la ville, a exposé au Conseil Municipal du 2 mars 1970 le projet de création du musée ce qui entraîne le vote unanime du Conseil pour l’attribution de Beaulaincourt au futur musée Entre temps, l’association continue à se structurer – 19 janvier 1970, réunion pour l’élection du bureau – 21 janvier 1970 : dépôt des statuts à la Sous-Préfecture – 16 février 1970 : 1ère Assemblée Générale à la salle communale : rue du Pot d’Etain Il y a 83 présents. Annie MOREL expose les buts de l’Association, puis Philippe DECROIX trace un programme général qu’il reprendra plus tard dans un article du Bulletin Municipal 1971 et dont nous reparlerons. Beaucoup de travail en perspective. Les donateurs potentiels voient favorablement l’activité des membres de l’Association. Les dons affluent de toutes parts et les volontaires s’organisent pour les premières actions : déblaiement des caves de Beaulaincourt, découverte des caves sous la Grand-Place. A ce propos, il est tout à fait remarquable de vois comment Philippe DECROIX a su tout de suite s’entourer de jeunes gens enthousiastes. D’autre part, certains que tout cela ne suffit pas et qu’il faut une reconnaissance officielle de ce futur musée, Monsieur André PIERARD, Conseiller d’Etat, adhérent de l’Association, et Philippe DECROIX sont reçus à Paris le 7 décembre 1970 par Monsieur QUONIAM, inspecteur général des Musées de Province. Ils exposent l’action entreprise à Béthune, mais le dossier « Musée de Béthune »; dont les premières pièces remontent à 1885 donne une mauvaise impression : en particulier la collection DHARVENT est détériorée. La réponse de l’Inspection est donc négative. Après un ardent plaidoyer des deux représentants béthunois et beaucoup de conseils en tous genres, elle n’est plus hostile au projet, mais reste sur une prudente attente de voir ce que Béthune sera capable de réaliser par ses propres moyens C’est pourquoi dans le premier Bulletin Municipal officiel de 1971, Philippe DECROIX donne un premier article qui fixe les buts de l’Association : « Elle a pour vocation et activité première de réunir des sympathisants nombreux dans la région qui ne peuvent rien individuellement. Elle encourage la restauration, la sauvegarde, la conservation des vestiges du passé qui peuvent encore aujourd’hui et surtout à l’avenir témoigner de la vie d’autrefois.  » Plus loin il les explicite davantage en écrivant  » l’activité muséologique de l’Association n’est en effet pas dans la thésaurisation d’objets morts, le culte vain et la contemplation béate de vieilles choses inutilement belles, c’est la science, fut-elle empirique, du passé au service de l’avenir, la culture des arts plastiques d’hier et d’aujourd’hui, puisque le Musée abritera périodiquement des expositions. » Tout cela se traduit par des premières réalisations assez spectaculaires en ce mois de mai 1971 : – Dimanche 8 mai : le beffroi est ouvert à la visite grâce à l’Association qui en a discuté avec la Mairie. Il y aura 1200 visiteurs ce jour-là. – Dimanche 23 mai : Rallye promenade photographique en Flandre. – Vendredi 28 mai : Mrs WESTRELIN et Philippe DECROIX transportent depuis les caves de la bibliothèque municipale 6 panneaux de dessins de l’architecte DEGEZ, 2 caisses de peintures et gravures encadrées et 4 caisses de la collection DHARVENT, plus une peinture encadrée (portrait signé DELAUNEY). – Samedi 29 mai : encore 3 caisses de la collection DHARVENT. – Les 29-30 et 31 mai, en relation avec les fêtes de la ville, l’Association organise dans la cour de l’Hôtel de Beaulaincourt une exposition de matériel agricole. C’est un défilé ininterrompu de visiteurs, et en conséquence beaucoup de promesses de dons. Il faudra bien des visites à la campagne pour récupérer les objets promis. Mrs LECOCQ, DECROIX, WESTRELIN s’en chargeront. De cette évocation des manifestations de mai 1971, on retire l’impression d’un grand enthousiasme. Cela se traduira le 30 juin 1971 où, sur la proposition d’Annie MOREL, Présidente de l’Association et Maire-Adjoint, le conseil municipal votera la nomination de monsieur WESTRELIN comme garde-concierge et celles de Philippe DECROIX comme Directeur-Responsable du Musée et du Docteur Albert BOURGEOIS comme Directeur-Adjoint. Avec ces nominations, une étape importante est donc franchie, mais il reste beaucoup à faire, entre autres le classement de l’Hôtel de Beaulaincourt comme Monument Historique, la reconnaissance du musée comme Musée Municipal. Tout ceci sera évoqué lors du Conseil Municipal du 25 avril 1974. En attendant, on continue à rénover Beaulaincourt, à y installer les collections, à préparer des expositions et prévoir concerts et conférences. Les Amis du Musée prêtent toujours leur concours pour organiser des visites, en particulier celles des enfants des écoles, pour qui ce sont de merveilleux moments de découverte. Avant de poursuivre ce récit, il me semble important d’y inclure une note plus personnelle. Le Docteur Bourgeois, dont le rôle dans l’histoire du Musée a été primordial, avait su, dès 1948, intéresser à l’histoire de la région et à son patrimoine, son ami Paul Breynaert lorsque, jeunes médecins, ils étaient installés l’un à Cambrin, l’autre à Mazingarbe. Devenu conseiller municipal de Béthune en 1965, puis Maire de la ville en 1971, Paul Breynaert, et son conseil, ont tout de suite encouragé les projets du Musée et confirmé son installation à l’Hôtel de Beaulaincourt.. Voilà donc le Musée, en cette décennie 1970-1980, presque en état de marche. Il faut continuer à collectionner et présenter matériel agricole, outils d’artisan, objets quotidiens de nos parents et grands-parents, reconstituer les boutiques de commerçants. Qui ne se souvient d’avoir visité, dans ces années là, le premier étage de Beaulaincourt et d’y avoir retrouvé l’estaminet avec ses jeux, le salon de coiffure, la devanture du chapelier ? Des vitrines accueillent les premières poteries provenant des fouilles de Labuissière où un village de potiers a été découvert lors de la construction de l’enseigne Cora, fouilles auxquelles les Amis du Musée, sous la direction de Philippe Decroix, chef de chantier, ont largement apporté leur concours, dès les premiers jours. En même temps, les Amis du Musée tiennent à ouvrir à tous ce nouveau lieu culturel du béthunois, en recevant diverses associations comme la Société de Géographie de Lille, les « vieilles Maisons Françaises », dont les participants, le dimanche 11 juillet 1972, visitent la région et déjeunent dans les grand salon de Beaulaincourt. Ils reçoivent également des personnalités qui, pour diverses raisons, s’intéressent au Musée. Tout d’abord les descendants du comte de Beaulaincourt qu viennent visiter l’Hôtel construit par leur aïeul. Il y a des réunions de travail autour du thème des poteries de Labuissière avec Mrs Vion, Leman. Le 6 mai de cette année là, Mr Pierre Bougard, directeur des Archives Départementales du Pas-de-Calais, venu en inspection à Béthune, en profite pour examiner les archives du Génie de Vincennes, confiées quelques mois au Musée en vue de les photographier pour servir à la connaissance des fortifications de Béthune aux 17è, 18è, 19è siècles. Ce musée en devenir plaît à Mr Bougard qui conclut sa visite par ces mots « vous êtes le seul musée du Nord de la France dans ce genre de spécialité Art et Traditions populaires ». Ils participent à des émissions de l’O.R.T.F. de Lille et organisent conférences, concerts, expositions et je crains d’en oublier. Je mentionnerai en juillet 1972 la présentation par Bernard Lassus d’un film sur  » les habitants paysagistes » et leurs réalisations de jardins et façades ornés de décors originaux dont ceux de Mr Pecqueur à Ruitz. L’été ne ralentit pas l’activité du Musée qui accueille les associations locales et prépare les manifestations de l’automne. Le 29 septembre, c’est le vernissage de trois expositions :
  • Celle de KIJNO, originaire de Nœux-les-Mines et mondialement connu, qui plus tard créera à Lille le Centre d’Art sacré contemporain et la rosace du portail ouest de la cathédrale Notre-dame de la Treille.
  • Celle de la collection de Mr Delvaulle, receveur des Postes de notre ville, qui retrace  » l’histoire de la Poste à Béthune des origines à nos jours  » et qui enrichira, par sa donation, les collections du Musée. Cette exposition est complétée, pendant trois jours, par celle de l’Union Philatélique de Béthune et la présentation de la flamme de la ville qui sera apposée, des années durant, sur tout le courrier partant de Béthune.
  • Pour terminer une année si fertile en diverses manifestations, qui ne sont pas toutes mentionnées, le Musée, en collaboration avec l’Association, présente  » le monde de l’enfant « . malgré l’hiver et le peu de chauffage des salles de Beaulaincourt, cette exposition rencontre un vif succès et attire à nouveau l’attention de l’O.R.T.F. qui en fera un beau reportage
Mais toutes ces activités ne seraient possibles s’il n’y avait eu beaucoup de travail effectué pour l’aménagement de l’hôtel de Beaulaincourt. C’est là que nous retrouvons l’équipe des plus jeunes des Amis du Musée qui déblaient, nettoient les sols et blanchissent les murs des caves où seront exposés les premiers prototypes des machines à laver et autre  » souvenirs  » du dur labeur des ménagères d’autrefois. Et c’est surtout, conséquence de l’inscription de Beaulaincourt  » monument historique  » que nous devons mentionner les premières visites de Mr Waldschmidt, architecte de ces monuments. Les travaux envisagés, déplacement de l’escalier de la cour, remodelage des salles des étages, aménagement du logement des gardiens, Mr et Mme Westrelin, dureront plusieurs années. Les Amis du Musée collaboreront de nombreuses années avec les nouveaux responsables et conservateurs. En 1980, le donation à la ville des collections, les déménagements successifs de ces collections, l’absence d’un vrai musée ont longtemps posé question. L’association n’en continue pas moins à apporter son concours aux manifestations proposées par la Musée d’Ethnologie Régionale et à apprécier les travaux menés par celui-ci.

Marie-Thérèse BREYNAERT et Anne DECROIX


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